Les participants ayant reçu des conseils sur les arômes à adopter pour arrêter de fumer avec la cigarette électronique ont enregistré le plus fort taux de succès.
L’étude en bref
Conseils sur la cigarette électronique à acheter, sur le taux de nicotine à adopter, ou sur les saveurs à privilégier. E-mails d’informations sur les différences pour la santé entre vapoter et fumer, et envoi de SMS personnalisés pour bien utiliser sa cigarette électronique, l’entretenir, et les avantages pour la santé de passer du tabagisme au vapotage.
Ces cinq points ont été étudiés par les chercheurs afin de comparer leur efficacité dans le cadre du sevrage tabagique grâce à la cigarette électronique.
La combinaison entre soutien par SMS et conseils sur les arômes s’est révélée être la plus efficace. Une nouvelle preuve du rôle crucial des arômes pour arrêter de fumer avec le vaping, et de l’importance d’accompagner les nouveaux vapoteurs dans leur transition vers l’e-cigarette.
Des e-liquides aromatisés et un accompagnement du fumeur, le duo gagnant
Si les études sur l’efficacité de la cigarette électronique pour arrêter de fumer sont nombreuses, celles s’étant intéressées à l’efficacité individuelle de certaines de ses nombreuses composantes restent rares. Il y a quelques jours, une nouvelle étude1 britannique publiée dans la revue Addiction a choisi d’étudier cinq critères distincts afin d’évaluer l’efficacité de chacun d’eux dans la réussite du sevrage tabagique grâce au vaping. L’un des objectifs était de réussir à concevoir une nouvelle « intervention numérique » pour aider les fumeurs qui tentent d’arrêter de fumer en achetant une e-cigarette en ligne.
Les chercheurs ont retenu les cinq points suivants :
- 1 – Accompagner l’ex-fumeur avec des conseils personnalisés sur son dispositif.
- 2 – Sur le taux de nicotine qu’il devrait choisir.
- 3 – Sur les saveurs à privilégier pour son e-liquide.
- 4 – Lui communiquer de brèves informations sur les méfaits relatifs du vapotage.
- 5 – Le soutenir dans son sevrage tabagique à l’aide de l’envoi de courts SMS.
Des informations complémentaires ont été fournies pour expliquer la raison de ces cinq choix :
- 1 – Avec un marché du vapotage qui ne cesse de croître, les nouveaux utilisateurs peuvent se retrouver perdus parmi la pléthore de modèles disponibles.
- 2 – Une enquête citée par les chercheurs concluait que 79 % des fumeurs qui ont essayé le vaporisateur personnel avant de l’abandonner se plaignaient du fait que le vapotage était moins satisfaisant que le tabagisme.
- 3 – Bien que les arômes soient souvent cités pour justifier l’utilisation d’une cigarette électronique, on ne sait pas si des arômes spécifiques ou des conseils sur les saveurs à choisir augmentent l’efficacité du sevrage tabagique avec la vape.
- 4 – Selon les auteurs, l’un des principaux obstacles à l’initiation ou au maintien du vaping serait des préoccupations relatives à la sécurité.
- 5 – Enfin, certains fumeurs interrogés auraient déclaré que commencer à utiliser une e-cigarette serait compliqué.
L’objectif principal de l’analyse était de déterminer lequel de ces cinq points, ou les interactions entre eux, affectaient le taux d’abstinence tabagique de 4 semaines, 12 semaines après la fin de l’étude.
Le panel de l’étude
L’étude a été réalisée avec un total de 1 214 participants, après retrait des robots s’étant inscrits automatiquement à la recherche, et les personnes s’étant inscrites plusieurs fois. L’âge moyen était de 39 ans, 61 % des participants étaient des femmes, et le nombre médian de cigarettes fumées chaque jour était de 18.
Au total, 32 points ont été étudiés. Les cinq de départ ainsi que des combinaisons entre chacun d’entre eux. Entre 33 et 44 participants étaient répartis dans chacune des 32 combinaisons retenues.
les conseils donnés pour le matériel à choisir
Pour les groupes ayant reçu des conseils personnalisés sur le modèle à choisir (point n°1), les participants ont dû répondre à un questionnaire et se prononcer sur une échelle de 1 à 5 (de « fortement en désaccord » à « tout à fait d’accord »). Les questions concernaient la taille de la cigarette électronique, sa capacité à faire beaucoup de vapeur, et le fait d’être rebuté par les détails techniques de l’appareil.
Les participants ayant obtenu entre 3 et 7 points se sont vus conseiller une vapoteuse à système ouvert (clearomiseur accompagné d’une box par exemple), ceux ayant obtenu entre 8 et 11 se sont vu conseiller un starter kit plus simpliste, comme le kit Endura Apex d’Innokin par exemple). Enfin, les participants ayant obtenu un score supérieur à 11 se sont vus conseiller un pod à cartouche jetable.
les conseils donnés pour le taux de nicotine à adopter
Les répondants faisant partie des groupes ayant reçu des conseils sur le taux de nicotine à choisir (point n°2) ont dû répondre à une seule question : « Combien de temps après le réveil fumez-vous votre première cigarette ? ».
Tous ceux ayant répondu moins de 30 minutes se sont vus conseiller un taux de nicotine de 18 mg/ml. Ce taux passait à 14 mg/ml pour ceux ayant déclaré fumer leur première cigarette entre 30 et 60 minutes après le réveil, tandis que ceux qui la fumaient plus d’une heure après se sont vus conseiller un taux de 10 mg/ml.
Les conseils promulgués pour le choix des arômes
Les groupes ayant reçu des conseils sur les arômes à choisir (point n°3) dans leurs e-liquides ont été interrogés à l’aide de la question suivante : « Fumez-vous plus de cigarettes mentholées que de cigarettes de tabac ordinaires ? ».
Ceux ayant répondu oui se sont vus conseiller un arôme mentholé. Ceux ayant répondu non ont dû répondre à une seconde question : « Dans votre tentative d’arrêter de fumer, voulez-vous quelque chose qui a le goût de fumer ou un changement complet ? ». Ceux ayant souhaité un changement se sont vus conseiller un arôme fruité, les autres, un arôme classic.
les e-mails reçus pour dissiper les potentielles préoccupations sur la sécurité du vapotage
Les participants ayant été randomisés dans le groupe ayant reçu des e-mails contenant de « brèves informations sur les préjudices relatifs » (point n°4) ont pu lire des informations sur le vapotage de manière à dissiper leurs préoccupations en matière de sécurité et leurs potentielles perceptions erronées de leurs méfaits pour la santé.
Les SMS reçus par les vapoteurs accompagnés par ce biais
Les participants ayant été assignés au point n°5, c’est-à-dire ceux ayant reçu des conseils par SMS, ont été contactés deux fois par jour pendant les deux premières semaines, une fois par jour pendant les quatre semaines suivantes, puis tous les deux jours pendant quatre semaines, et enfin une fois par semaine pendant deux semaines. Les SMS, coécrits avec des fumeurs et des vapoteurs, contenaient des conseils pratiques pour entretenir sa cigarette électronique, un soutien psychologique, des messages rappelant les différences entre vapotage et tabagisme, ainsi que différents textos sur les avantages d’arrêter de fumer ou encore des messages de prévention sanitaires ou de sécurité.
Résultats
Pour la recherche, les scientifiques ont collaboré avec un vape shop en ligne. Tous les participants avaient reçu un chèque cadeau de £50 pour pouvoir se procurer leur matériel. 86 % des participants ayant reçu des conseils sur les arômes à acheter ont suivi les recommandations de l’étude. Ils étaient 92 % à les avoir suivis concernant le modèle à prendre, et 94 % pour le taux de nicotine. Enfin, 94 % de ceux ayant reçu des SMS ont toujours répondu pour prouver leur lecture, mais seulement 19 % ont bien lu les e-mails du point n°5 (70 % ayant déclaré ne jamais les avoir reçus).
Nos résultats suggèrent que des conseils personnalisés sur la prise en charge des saveurs et des messages texte constituent une combinaison d’intervention prometteuse.Extrait de l’étude
La combinaison ayant atteint le taux d’abstinence tabagique le plus élevé était celle joignant les conseils sur les arômes ainsi que les SMS de soutien, avec un taux d’abstinence de 4 semaines de 25 %. Ceux ayant reçu des conseils sur les arômes sans SMS étaient 19 % à avoir arrêté de fumer, et ils étaient 15 % lorsqu’ils avaient reçu uniquement des SMS.
Selon les auteurs, si aucun des conseils, lorsque distillés de manière individuelle, n’a montré de différence significative dans le taux d’arrêt du tabac de quatre semaines, trois mois après la fin de l’étude, la combinaison de conseils sur les arômes + d’un accompagnement par SMS s’est révélée être la plus efficace.
Une étude intéressante, malgré certaines limitations
Bien qu’ils décrivent que la raison du succès de cette combinaison ne soit pas claire, ils émettent la théorie suivante :
Parmi les SMS reçus, certains indiquaient qu’il ne fallait pas hésiter à essayer plusieurs saveurs. Il est ainsi possible que les participants n’ayant pas reçu de SMS, mais uniquement des conseils sur les arômes, aient pensé qu’ils devaient absolument s’en tenir à une saveur unique, même si celle-ci ne leur plaisait pas, lorsque ceux ayant reçu les SMS savaient clairement qu’ils pouvaient en changer à volonté.
Dans l’ensemble, les taux d’abandon du tabac étaient systématiquement plus élevés lorsque les participants recevaient des conseils sur la saveur combinés à un soutien par message texte.Extrait de l’étude
Concernant les autres points, les chercheurs ont émis différentes hypothèses.
Les participants n’étant pas surveillés, certains ont pu ne pas utiliser leur cigarette électronique correctement, supprimant ainsi toute efficacité des conseils promulgués quant au choix du matériel à choisir. De plus, puisque le matériel à choisir dépendait de réponses à différentes questions, certains participants ont pu les juger trop compliquées ou ne savaient tout simplement pas ce qu’ils préféraient, puisqu’ils n’avaient jamais utilisé une cigarette électronique avant cette étude.
D’autres pistes sont avancées comme le fait que certains conseils aient pu ne pas être optimaux. Par exemple, un taux de nicotine trop ou pas assez élevé en fonction du type d’appareil conseillé.
L’effet avantageux des conseils sur les saveurs et de la prise en charge des messages texte combinés a été constaté pour les critères de jugement primaires et secondaires ainsi que dans les analyses de sensibilité, ce qui confirme sa robustesse.Extrait de l’étude
Enfin, dans toutes les combinaisons étudiées, la fourniture de « brèves informations sur les préjudices relatifs » n’a montré aucune augmentation du taux de sevrage tabagique. Tandis que les e-mails ont été ignorés dans les résultats à cause du très faible nombre de personnes les ayant lus.
Malgré ces nombreuses limitations, cette nouvelle étude semble démontrer que les arômes jouent un rôle crucial dans la réussite de l’arrêt du tabac avec une e-cigarette, confirmant ainsi les résultats d’études précédentes .
Les SMS, quant à eux, pourraient démontrer qu’accompagner un fumeur dans son sevrage tabagique avec la cigarette électronique, augmente sensiblement les chances qu’il réussisse à arrêter de fumer.
1Kimber, C, Sideropoulos, V, Cox, S, Frings, D, Naughton, F, Brown, J, et al. E-cigarette support for smoking cessation: Identifying the effectiveness of intervention components in an on-line randomized optimization experiment. Addiction. 2023. https://doi.org/10.1111/add.16294
2Russell, Christopher, et al. “Changing Patterns of First e-Cigarette Flavor Used and Current Flavors Used by 20,836 Adult Frequent e-Cigarette Users in the USA.” Harm Reduction Journal, BioMed Central, 28 June 2018, https://doi.org/10.1186/s12954-018-0238-6